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Guy
  • Le travail d'une hirondelle
velo de Guy

Guy, collègue en retraite a fait don à l’Amicale Police & Patrimoine du vélo de son père qui était « hirondelle » à Noisy le sec.

Nous lui avons demandé de bien vouloir nous dire ce qu’il connaissait du travail de son père.

« Je vais essayer de me rappeler ce qu’il m’avait dit, mais il n’était pas  très bavard.

Il est entré dans la Police en 1942 pendant la guerre ; il a été de suite muté  au commissariat de Noisy-le-sec  dans le 93.

Circonscription de 5 communes  dont Noisy-le-sec , Bondy, Villemomble, Rosny sous bois et Pavillons sous bois.

Mon père habitait Bondy il a donc été affecté au poste de police de  Bondy. Il prenait son service avec son vélo directement à ce poste à la brigade de nuit.

Il était sous les ordres de son père Brigadier-chef. Pour lui cela a été un mauvais passage, car il trouvait que son père lui donnait le plus sale travail, ce qui n’était pourtant pas l’avis de ses collègues.

  • Le 18 avril 1944

En préparation de l’opération Overlord, les forces Alliés bombardent Noisy-le-sec faisant de nombreuses victimes.

guy et son velo

Il eut pour mission  désagréable de participer au ramassage des victimes tuées dans ce bombardement et à les amasser sur des charrettes ; il a pendant cette époque, surtout, je m’en rappelle très bien, fait un travail de nuit pour garder un transformateur  électrique dans les champs… Egalement, il devait garder les personnes emprisonnées au camp de Drancy .

Il se souvient que les prisonniers du camp faisaient passer des messages à leur famille en les remettant à certains policiers chargés de les garder et qui en prenaient le risque. Je me souviens qu’un soir, il est allé prévenir un voisin d’une rafle qui allait avoir lieu dans le quartier. Le travail était très difficile à cette époque.

  • Autre époque, autre guerre,

Je me rappelle aussi la peur qu’il avait de prendre son service à 23h30 qui se trouvait à environ 1 kilomètre du domicile. Pendant la guerre d’Algérie régulièrement un gardien de la paix était lâchement assassiné en pleine rue.

Hirondelles

La guerre entre indépendantistes FLN contre ceux du MNA  était violente et  mon père les voyait tous les soirs. Il me disait - Ils ont les poches de leur veste déformées et qui ne laisse aucun doute sur ce qu'ils transportent. Ce qui  s’est avèré exact, car quelques jours plus tard  ils attendaient une victime désignée.

Ma famille a longtemps servi dans cette circonscription, mon grand père  Brigadier-chef jusqu’en 1950, mon père jusqu’en 1961 et moi-même en 1962 jusqu’en 1970.

Quant à son vélo, mon père l’entretenait admirablement. Nettoyage de la chaîne dans le pétrole et cela régulièrement, graissage de la potence en démontant les roulements à billes et en les remontant chacune une à une dans les clavettes du pédalier.  Graissage de la selle pour la rendre plus souple, réparation des crevaisons et changement des pneus.

J’ai assisté à tout cela dans mon plus jeune âge. Il connaissait son vélo ainsi que tout son fonctionnement. J’ai même été transporté assis sur le porte bagage avant.

 

Agents cyclistes
Hirondelles 1947
Guerre 1939-1945. Défense passive. Agents cyclistes avec masque à gaz. Paris. 1939-1940.© Roger-Viollet
"Hirondelles", agents de police à bicyclette, Paris. 9 mars 1947.© LAPI / Roger-Viollet

Pour le travail, il fonctionnait toujours en équipe de 2. Le retour au poste se faisait tous les trois quart d’heure. Le chef de poste de Noisy-le-sec savait à quelle heure ils devaient rentrer. Etant commandés au début de la prise à 15 par exemple, ils rentraient au poste toutes les heures à 15 pour y prendre 15 minutes de pose et repartir pour ensuite trois quart d’heure. Ainsi, le chef de poste savait quand il pouvait les contacter, car la radio n’existait pas.

Pour les autres communes c’était soit à 30 ou 45.

Les relations étaient très bonnes avec la population et avec les élus de la commune car il y avait beaucoup de réunions sportives à la salle des fêtes de Bondy.  Surtout des réunions de boxes qui se terminaient  hors du ring souvent dans la rue avec les spectateurs qui n’étaient pas eux-mêmes des manchots. Les policiers étaient souvent sollicités pour ces rencontres souvent en fin de semaine. Mon père savait  que ces soirs-là il y aurait de la castagne et les policiers heureusement avaient souvent le dessus.

Mon père connaissait tous ceux qui étaient susceptibles  de semer le trouble dans ces manifestations populaires  et dans ce temps-là les policiers se faisaient respecter. Bizarrement il n’y avait jamais de blessé dans les deux camps.

Pour moi, mon père aimait son travail, il y avait avec tous les autres cyclistes appelés « les hirondelles et aussi les vaches à roulettes », un formidable esprit de corps car j’ai participé avec ses collègues à de formidables parties de pêche en Seine et marne  et toujours avec les vélos que nous mettions dans les trains.

Le vélo a fait partie de sa vie, en quelque sorte, un compagnon de route et je suis certain qu’il serait ravi de savoir que ce vélo est conservé par une Amicale de la Police célébrant le temps passé».

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Guy reçoit par un membre de l'APP, un bâton blanc de la circulation fabriqué par l'Amicale.